Chanteur atypique de la scène française, Mano Solo est décédé à l'âge de 46 ans ce dimanche 10 janvier, suite à "plusieurs anévrismes". L'annonce de sa mort a été faite sur le forum officiel du chanteur, avant d'être confirmée par France Info et l'AFP.
"Si tu m'avais demandé, moi je t'aurais dit, que dans la vie ce qui compte, c'est pas l'issue mais c'est le combat". Mano Solo n'avait pas caché sa maladie : "J'ai deux nouvelles, une bonne et une mauvaise. La bonne, c'est que je ne suis plus séropositif. La mauvaise, c'est que j'ai le sida", avait-il déclaré lors d'un concert en octobre 1995. Son combat s'est donc achevé avec la seule issue qu'il pouvait connaître : la mort. On se souvient alors de cette célèbre phrase de Mano Solo : "Ce n'est pas tant que j'aime la mienne, ce qui est sûr, c'est que j'aime la vie".
Né le 24 avril 1963 à Châlons-sur-Marne, Mano Solo était le fils de Cabu, célèbre dessinateur satyrique, et d'Isabelle, connue pour son militantisme, notamment dans le domaine de l'écologie. Malgré une adolescence difficile (délinquance, drogue et arrêt de l'école à 15 ans), il développe très vite ses talents artistiques, que ce soit dans la peinture ou dans la musique. A 17 ans, il intègre les Chihuahuas, un groupe punk-rock, en tant que guitariste, mais il réalise assez vite que ce n'est pas ce qu'il sait le mieux faire et préfère se consacrer au dessin (ses dessins seront même exposés outre-Atlantique, à New York). Encouragé par son ami le chanteur Eric Lareine, il se lance dans la chanson et devient son meilleur interprète au sein du groupe rock la Marmaille Nue.
Lors de l'éclatement du groupe en 1993, il se lance alors en solo et sort son premier album, intitulé La Marmaille nue. Sa sincérité brutale et la force poétique de ses chansons vont rapidement faire de Mano Solo un des grands noms de la musique française. Ecorché vif, l'artiste brille particulièrement sur scène et décide de dévoiler publiquement sa maladie, ce qui entraînera une forte médiatisation, pas toujours pour de bonnes raisons. Malade, Mano Solo n'abandonne pas pour autant la musique, et enchaîne les concerts et les albums, jusqu'au dernier, Rentrer au port, sorti en septembre dernier. En ce triste dimanche résonnent dans nos têtes ces paroles extraites de C'est plus pareil : "J'ai tellement parlé de la mort, que j'ai cru la noyer, la submerger de ma vie, l'emmerder tant et tellement, qu'elle abandonne l'idée même de m'emmener avec elle".